Tout semblait en ordre.
Des machines virtuelles stables, un hyperviseur maîtrisé, des sauvegardes régulières. Et pourtant… la DSI de cette PME francilienne vient de découvrir que toute son architecture IT — bien que “fonctionnelle” — est en réalité à bout de souffle. Non compatible avec les nouvelles exigences de sécurité, incapable de suivre les workloads IA, et bientôt inutilisable sans un coûteux changement de licence imposé par Broadcom.
Ce cas n’est pas isolé.
En 2025, de nombreuses entreprises s’appuient encore sur une infrastructure virtualisée conçue il y a dix ans, rarement remise en question. Pourtant, entre évolutions réglementaires, cloud hybride, et montée en puissance des environnements containerisés, les critères de performance et de pérennité ont radicalement changé.
Il devient essentiel de repenser les bases, à commencer par la virtualisation des serveurs — souvent le socle de toute l’architecture IT.
En apparence, tout fonctionne. Les VM tournent, les backups sont planifiés, les outils de monitoring ne remontent rien d’anormal.
Mais derrière cette façade rassurante, un mal plus insidieux progresse : votre infrastructure virtuelle est figée dans un modèle pensé pour les années 2010, et chaque mois qui passe l’éloigne un peu plus des exigences modernes. Voici ce que vivent déjà de nombreuses PME.
Dans le Val-de-Marne, une PME du secteur juridique fonctionnait avec une infrastructure basée sur VMware vSphere 6.7.
Stable, fiable, peu coûteuse à maintenir… jusqu’au jour où un changement de licence imposé par Broadcom a obligé le prestataire à tout remettre à plat.
Résultat : 21 jours de flottement, une facture non prévue de 18 000 € pour basculer vers une version compatible, et un PRA désactivé sans qu’aucun responsable ne l’ait détecté.
“On pensait être tranquilles pour encore 2 ans. En fait, on était en sursis.”
— Responsable IT de la PME concernée
En 2025, plus de 53 % des entreprises françaises déclarent utiliser un environnement de virtualisation hérité, selon une étude IDC.
Parmi elles, près de 60 % n’ont pas procédé à un audit de compatibilité depuis plus de 3 ans.
Pourquoi ?
Parce que la stabilité apparente fait écran : quand rien ne plante, tout semble aller bien.
Mais c’est oublier que les environnements virtuels doivent eux aussi évoluer au rythme du cloud, des mises à jour de sécurité, et des besoins métier.
Il ne s’agit pas de bugs ni de failles visibles.
La dette technique, ici, c’est un système qui ne sait pas s’adapter :
Ce syndrome est d’autant plus dangereux qu’il est silencieux.
Il n’apparaît qu’au moment critique : lors d’une migration, d’un incident, ou d’un renouvellement de licence… et il est alors trop tard.
Un bon audit d’infrastructure permet justement d’identifier ces angles morts avant qu’ils ne coûtent cher.
Jusqu’en 2023, VMware représentait une forme de stabilité.
Un acteur fiable, un modèle clair basé sur des licences perpétuelles, un écosystème de partenaires bien en place. Mais l’arrivée de Broadcom a bouleversé la donne. Brutalement. Et beaucoup de PME en subissent encore les effets sans avoir vu venir le raz-de-marée.
Fin 2023, Broadcom met officiellement un terme à la vente de licences perpétuelles VMware.
Ce changement signifie que toute entreprise souhaitant continuer à utiliser les produits historiques devra basculer sur un modèle par abonnement.
En surface, cela peut sembler une simple “mise à jour commerciale”. En réalité, c’est une bascule de modèle économique qui oblige les PME à revoir leur architecture, leurs contrats, et souvent… leurs outils.
D’autant plus que ce changement s’est imposé sans concertation avec l’écosystème. Résultat : de nombreux DSI se sont retrouvés face à des produits qu’ils maîtrisent — mais qu’ils ne peuvent plus acheter ou mettre à jour dans des conditions acceptables.
Ce virage brutal n’a pas seulement surpris les clients, il a également désorienté l’écosystème. Calipia, cabinet français spécialisé dans les stratégies IT, souligne que ce changement pousse aujourd’hui de plus en plus d’acteurs à reconsidérer leurs outils de virtualisation et à anticiper une sortie de VMware.
Certains partenaires VMware — notamment aux États-Unis et en Allemagne — ont constaté des hausses de coût allant jusqu’à 3 fois le prix précédent pour des services équivalents, selon des chiffres rapportés par The Register et CRN.
Et ce phénomène touche aussi la France.
➡️ Pour une PME avec 5 hôtes physiques et une trentaine de VM, le passage forcé à l’abonnement a fait grimper la facture annuelle de 6 000 à 18 000 euros, sans évolution notable de la solution.
Ce n’est plus un simple sujet technique. C’est une question budgétaire, stratégique, voire politique — que certaines PME ont préféré anticiper en explorant des alternatives comme le housing ou des solutions cloud plus adaptées à leur usage réel.
La hausse n’épargne personne : selon Next Inpact, AT&T aurait vu sa facture VMware grimper de 1 050 % suite aux nouvelles grilles tarifaires imposées par Broadcom.
L’impact ne concerne pas seulement les clients finaux.
Des dizaines d’intégrateurs, de distributeurs et de prestataires français, historiquement certifiés VMware, se retrouvent aujourd’hui sans visibilité commerciale. Certains ont vu leur partenariat gelé, d’autres n’ont pas reçu d’accès à l’offre Broadcom Partner Advantage, pourtant censée les relier au nouveau système.
➡️ Red Hat, Nutanix, Proxmox, et même Microsoft en profitent pour accélérer leur positionnement.
➡️ Les clients, eux, hésitent… ou subissent.
Ce chaos de transition est un signal clair : l’époque où VMware était un standard rassurant est révolue. Et cela force une question inconfortable : faut-il migrer, négocier… ou fuir avant d’être captif ?
La question n’est plus seulement “faut-il quitter VMware ?” mais “vers quoi aller ensuite ?”
Et c’est là que la vraie rupture se joue. Car ce n’est pas juste une migration technique : c’est un changement de paradigme. La virtualisation de 2025 ne repose plus sur les mêmes fondations qu’en 2010.
Elle devient plus modulaire, plus légère, plus proche des usages métiers. Et certains acteurs l’ont bien compris.
Avant, on virtualisait des serveurs entiers pour les rendre indépendants du matériel.
Aujourd’hui, avec les applications en conteneurs, on découpe, on orchestre, on adapte.
Kubernetes est devenu un standard. Et avec lui, des outils comme KubeVirt permettent d’exécuter des VM dans un environnement conteneurisé.
Ce n’est plus juste une affaire de machines virtuelles.
C’est une logique d’infrastructure dynamique, où l’on déploie des services selon la charge, le besoin, la sécurité.
➡️ Moins de lourdeur. Plus d’agilité. Cette évolution structurelle explique pourquoi les hyperviseurs classiques, même robustes, peinent à répondre aux enjeux de scalabilité, de redondance agile ou de supervision contextuelle.
Certaines entreprises commencent déjà à combiner virtualisation moderne, PRA et services cloud intelligents pour garantir la continuité, comme le montre cet exemple concret d’architecture hybride mêlant IA et PRA
Chacun occupe un créneau.
Ce sont ces solutions, souvent moins visibles, qui profitent de la remise en cause du monopole VMware.
Et pour cause : elles ne viennent pas copier un ancien modèle, elles viennent répondre à de nouvelles attentes.
Dans beaucoup d’architectures modernes, la virtualisation n’est plus omniprésente.
On la déplace, on la complète, on la rend invisible.
➡️ Des services sont conteneurisés.
➡️ Des fonctions passent en SaaS.
➡️ Le stockage devient distribué.
Résultat ?
Le besoin de gérer 40 VM sur 3 hôtes physiques se transforme en une stratégie hybride :
Ce n’est pas une utopie. C’est ce que font déjà de nombreuses entreprises qui ont anticipé la bascule technologique, notamment celles qui ont commencé à remplacer une partie de leur cloud par du housing en interne pour reprendre la main sur leurs coûts et leur souveraineté.
Virtualiser moins, mais mieux. C’est le vrai mot d’ordre de 2025.
Face à l’incertitude, une tentation fréquente : ne rien faire.
Mais dans l’univers IT, l’immobilisme est rarement neutre. Il aggrave la dette technique, augmente la vulnérabilité, et laisse l’entreprise subir plutôt que choisir.
Reprendre la main, c’est possible — à condition d’avoir une vision claire, un audit objectif, et un plan progressif. Voici comment certaines PME s’y prennent déjà.
Ce n’est pas un inventaire de VM ou un tableau Excel.
Un audit pertinent intègre :
➡️ Une étude DRI menée début 2024 sur 112 PME montre que 72 % des infrastructures virtualisées sont “non alignées” avec les besoins métiers actuels.
Pas instables, non. Juste dépassées. D’où l’importance de démarrer par un audit d’infrastructure complet
L’erreur serait de migrer “hors VMware”… pour recréer le même modèle verrouillé ailleurs.
Les architectures modernes sont plus souples :
Ce type de configuration implique souvent une migration progressive des serveurs, bien planifiée pour éviter toute rupture.
À Rennes, une entreprise du secteur agroalimentaire a migré en 2023 de VMware vers Proxmox + sauvegarde déportée. Résultat :
Leur retour ?
“Le plus dur, ce n’était pas la technique. C’était de sortir de nos habitudes.”
Ce changement de cap leur a permis de reprendre le contrôle, d’aligner IT et stratégie métier, et de faire de l’infrastructure un vrai levier — pas un poste figé.
À force de stabilité, on en oublie parfois d’observer le mouvement.
La vague Broadcom n’est pas simplement un coup dur pour les utilisateurs de VMware. C’est un révélateur. Celui d’une infrastructure qu’on pensait maîtrisée, mais dont les fondations datent parfois d’une époque révolue — où les hyperviseurs étaient figés, les VM reines, et le cloud une perspective lointaine.
En 2025, la virtualisation n’est plus un bloc monolithique. C’est un levier stratégique.
Et ceux qui prennent le temps de l’interroger — sérieusement, objectivement — découvrent souvent que le vrai risque n’était pas la panne, mais l’immobilisme.
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Mis à jour le 11 Mai 2025