Depuis quelques jours, une affaire secoue le secteur notarial au Maroc. Une fuite massive de données foncières aurait exposé des informations confidentielles liées à des milliers de transactions immobilières. En tant que simple citoyen, difficile de ne pas s’interroger : mes données ont-elles fuité ? Cette affaire touche-t-elle aussi les particuliers ? Et surtout : comment un tel incident a-t-il pu arriver dans un domaine aussi sensible que le foncier ?
D’après les révélations du Desk, la faille trouve son origine dans l’accès non autorisé à des comptes professionnels de notaires marocains. Ces comptes, connectés à la plateforme officielle de l’Agence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la cartographie (ANCFCC), permettent aux professionnels d’accéder aux certificats de propriété, aux documents de transaction et aux données personnelles liées aux actes fonciers.
Ce sont précisément ces accès sécurisés qui auraient été ciblés et compromis. Selon les premières analyses techniques, l’attaque pourrait avoir été facilitée par une mauvaise gestion des mots de passe ou un manque de chiffrement dans certaines connexions.
Ce type de compte donne accès à une base extrêmement sensible : actes de vente, identité des acheteurs, montants des transactions, localisation des biens, etc. Il ne s’agit donc pas d’une fuite mineure, mais bien d’un accès illégal à des données confidentielles à large échelle.
Ce que le Desk révèle est inquiétant : des milliers de documents fonciers auraient été récupérés par des acteurs malveillants. Certains auraient été mis en ligne ou partagés sur des canaux privés. Les sources indiquent que les données concernent aussi bien des particuliers que des entreprises, avec un éventail large allant de petites transactions rurales à des ventes immobilières de luxe.
L’aspect le plus préoccupant, c’est que cette brèche expose non seulement la vie privée des personnes physiques (avec parfois leur adresse, leur identité complète et leur historique d’achat), mais aussi des informations commerciales stratégiques dans le cas des sociétés immobilières ou des opérateurs fonciers.
Le flou persiste encore sur le nombre exact de fichiers compromis, mais certains professionnels évoquent déjà plusieurs milliers de certificats fonciers piratés, et ce, dans plusieurs villes du pays, notamment Casablanca, Rabat et Marrakech.
À ce jour, aucune communication officielle n’a encore été faite par l’ANCFCC ni par le ministère de la Justice. Pourtant, ce type d’incident appelle à une réponse rapide : audit de sécurité, renforcement des accès, information des notaires concernés et surtout, mise en place d’un protocole de réponse aux victimes potentielles.
Du côté des notaires, la consternation est palpable. Plusieurs d’entre eux déclarent au Desk n’avoir été ni informés officiellement ni sollicités pour corriger la faille. Une source proche du dossier indique même que certains notaires continuent d’utiliser leurs comptes compromis, sans savoir qu’ils ont été exploités.
Pour nous, particuliers ou professionnels, la question est donc simple : peut-on encore faire confiance au système numérique foncier ? Et si nos propres données s’y trouvent, comment être informé d’un éventuel vol ?