En 2025, le contrôle des données en entreprise n’est plus une option.
Entre la recrudescence des cyberattaques, l’évolution des réglementations européennes (RGPD, NIS2) et la pression des lois extraterritoriales comme le Cloud Act, les DSI et RSSI doivent revoir en profondeur leur stratégie d’hébergement. Où stocker ses données sensibles ? À qui en confier l’accès ? Et surtout, comment garder la main, techniquement comme juridiquement ?
Face à ces interrogations, certaines entreprises font le choix du housing informatique, une solution qui combine maîtrise de l’infrastructure, localisation contrôlée et conformité sectorielle. Que ce soit en interne ou via un housing datacenter opéré par un prestataire de confiance, cette approche regagne du terrain, notamment dans les secteurs réglementés.
C’est dans ce contexte mouvant que nous vous proposons 5 angles de réflexion pour choisir une architecture IT adaptée au contrôle des données en entreprise, en 2025 et au-delà.
Pendant des années, le cloud s’est imposé comme une évidence. Flexibilité, vitesse de déploiement, promesse d’économies. Mais en 2025, le contexte a changé. Face aux cybermenaces, aux évolutions réglementaires et aux tensions géopolitiques, les entreprises ne se demandent plus seulement comment stocker leurs données, mais sous quelle gouvernance et à quelles conditions.
Le RGPD n’a pas disparu. Au contraire, il s’est durci. À ses côtés, des directives comme NIS2 ou DORA imposent de nouvelles obligations aux entreprises européennes. Ces textes ne visent pas uniquement la protection des données personnelles, mais l’ensemble de la chaîne numérique : traçabilité, disponibilité, cloisonnement, chiffrement.
Dans ce cadre, l’origine des infrastructures redevient un enjeu. De nombreuses entreprises prennent conscience que leurs données peuvent être soumises à des lois extraterritoriales, comme le Cloud Act américain, même lorsqu’elles sont hébergées physiquement en Europe.
Cette volonté de mieux encadrer juridiquement les infrastructures numériques se heurte néanmoins à des désaccords sur la définition même de la souveraineté. Le projet de certification EUCS, soutenu par la France dans sa version “High”, cristallise ces tensions. Ce niveau, réservé aux prestataires européens, divise les États membres et alimente les débats autour d’une autonomie numérique réellement opérationnelle. Une lecture critique des enjeux de cette position française éclaire les risques politiques et économiques d’une telle orientation.
Ce constat amène à reconsidérer certains choix technologiques, comme l’explique l’article « Housing et infogérance en 2025 : votre IT sous contrôle », qui analyse les évolutions de la gouvernance IT face à ces pressions.
Au-delà du cadre légal, c’est la réalité opérationnelle qui alerte. Ransomwares, vols de données, attaques ciblant les chaînes d’approvisionnement : les incidents critiques se multiplient. Et dans bien des cas, les entreprises ne savent pas exactement où se trouvent leurs données, qui y accède, ni comment réagir en cas d’incident.
Les approches “cloud only”, parfois mal maîtrisées, montrent leurs limites. Des acteurs réévaluent leurs priorités et cherchent à renforcer leur souveraineté opérationnelle. Certains réinvestissent dans des environnements plus proches, plus lisibles, plus contrôlables, comme le housing, remis en lumière dans l’analyse « Cloud trop cher en 2025 ? Le retour du housing en entreprise ».
Reprendre le contrôle ne signifie pas nécessairement rapatrier l’ensemble des infrastructures. Il s’agit plutôt de clarifier qui détient les clés, qui est responsable de quoi, et quelles garanties sont réellement opérationnelles.
Ce retour à une vision plus lucide du SI repose sur une idée simple : posséder une donnée ne veut rien dire si l’on ne maîtrise pas son cycle de vie, ses accès, ses sauvegardes ou son hébergement.
Cette redéfinition du contrôle, à la fois juridique, technique et organisationnel, est devenue centrale dans toute stratégie de contrôle des données en entreprise.
La question n’est pas binaire. Elle est stratégique. Et elle appelle une gouvernance mieux structurée.
DSI / RSSI : 5 questions à se poser aujourd’hui
Dans une époque marquée par la dématérialisation à outrance, certaines entreprises font le choix inverse : reprendre pied dans le concret. Pas par nostalgie, mais par besoin de garanties. Le housing — cette pratique consistant à héberger ses propres serveurs dans un datacenter externe — revient au cœur des stratégies IT des organisations les plus exposées.
Avec le housing, les entreprises conservent la propriété de leurs équipements tout en s’appuyant sur l’environnement sécurisé d’un datacenter professionnel. Ce modèle permet de maîtriser intégralement la configuration de l’infrastructure, des couches logicielles aux accès physiques.
Ce besoin de souveraineté technique s’observe particulièrement dans les entreprises confrontées à des audits récurrents, des contraintes de traçabilité ou des impératifs de localisation. Certaines ont ainsi opté pour un retour progressif au housing, comme alternative plus lisible que les architectures cloud fragmentées.
📎 Sur ce point, l’offre housing détaillée ici présente un bon aperçu des options possibles pour les entreprises qui veulent regagner en visibilité sans renoncer à l’externalisation physique et des politiques de supervision sur mesure. Une manière concrète de renforcer le contrôle des données en entreprise, sans renoncer à l’externalisation physique.
La logique du housing séduit aussi par sa capacité à s’adapter à des cahiers des charges très spécifiques. Contrairement aux solutions cloud standards, il permet de concevoir des infrastructures sur mesure, alignées sur les référentiels métiers : HDS pour la santé, PCI-DSS pour la finance, ou exigences ISO pour l’industrie.
Cette flexibilité structurelle est souvent un levier pour passer certains audits complexes ou répondre à des appels d’offres sensibles. Le housing devient alors une brique centrale de la conformité, sans remettre en question la performance.
📎 Plusieurs solutions housing personnalisées montrent d’ailleurs que ce modèle reste pertinent même dans des environnements hybrides ou distribués.
Ce retour aux fondamentaux a toutefois un coût. Le housing implique une réflexion sur la gestion du matériel, la supervision, les plans de reprise. Il nécessite également d’anticiper les besoins futurs en capacité et en sécurité.
C’est pourquoi certaines entreprises choisissent de dédier le housing à leurs applications critiques, celles qui justifient un contrôle maximal, tandis que d’autres briques restent hébergées dans le cloud. Ce type de compromis suppose une gouvernance IT solide, mais il permet de mieux équilibrer performance, sécurité et budget.
📎 Pour des cas d’usage concrets, comme l’hébergement d’un ERP ou d’un système de sauvegarde autonome, le modèle housing serveur dédié reste une référence éprouvée.
Derrière l’appellation générique de “cloud”, deux modèles coexistent — et s’opposent souvent dans leurs logiques profondes. Le cloud public, massivement adopté, repose sur la puissance des hyperscalers mondiaux. Le cloud souverain, plus récent, cherche à répondre aux attentes réglementaires et à un besoin croissant d’indépendance. Mais ces deux offres ne jouent pas sur les mêmes tableaux.
AWS, Microsoft Azure, Google Cloud… Ces plateformes dominent le marché par leur couverture fonctionnelle, leur agilité, leur scalabilité. Elles répondent bien aux besoins des startups, des projets analytiques ou des usages à géométrie variable.
Mais cette puissance a un revers. La localisation réelle des données reste floue. Les contrats sont souvent opaques. Et les recours juridiques, limités. Malgré leurs datacenters en Europe, ces géants restent soumis à des lois extra-européennes. La souveraineté y est fonctionnelle, pas juridique.
Face à ces limites, plusieurs initiatives ont vu le jour : OVHcloud, 3DS Outscale, NumSpot, pour ne citer qu’eux. Leur objectif : proposer des services compatibles avec les standards du cloud public, tout en garantissant une localisation 100 % européenne, des prestataires de droit européen et des certifications comme SecNumCloud.
Cette offre répond à un besoin réel, en particulier dans les organisations publiques, les industries sensibles ou les groupes internationaux soumis à des règles de compliance strictes.
Cependant, tous les “clouds souverains” ne se valent pas. Certaines offres reposent encore sur des briques américaines, ou ne sont souveraines qu’en apparence. Le niveau de transparence et la gouvernance effective restent donc des critères à examiner de près.
Choisir entre cloud public et cloud souverain ne devrait jamais se faire sur la base d’un effet de mode. La décision doit partir de la nature des données à héberger, de leur criticité, des contraintes réglementaires, et de la stratégie globale du système d’information.
Dans certains cas, une architecture sur mesure, combinant plusieurs types d’hébergements, s’impose naturellement. C’est ce que permettent aujourd’hui certaines solutions housing personnalisées, conçues non pas comme une alternative, mais comme un complément à la logique cloud, sur les périmètres les plus sensibles.
Critère | Housing | Cloud souverain | Cloud public |
---|---|---|---|
Localisation | Contrôlée (datacenter identifié) | Europe (souvent France) | Variable, souvent multi-pays |
Propriété des données | Totale (infrastructure dédiée) | Conformité RGPD, prestataire européen | Contrats encadrés mais exposition potentielle |
Soumission juridique | Droit local | Droit européen | Droit américain possible (Cloud Act) |
Flexibilité / scalabilité | Moyenne (ressources fixes) | Moyenne à élevée | Très élevée |
Conformité sectorielle | Forte personnalisation possible | Bonne (certifications) | Variable, dépend des options choisies |
Coût et agilité | Investissement initial à prévoir | Tarif intermédiaire, gestion simplifiée | Paiement à l’usage, déploiement rapide |
Faut-il choisir entre cloud public, cloud souverain ou housing ? En réalité, la bonne réponse ne tient pas en un mot, mais dans une architecture réfléchie, adaptée à la nature des données, aux exigences réglementaires et aux priorités métier. C’est cette logique hybride, plus pragmatique que dogmatique, qui s’impose progressivement.
Toutes les données ne se valent pas. Certaines relèvent du cœur de métier, d’autres d’un usage ponctuel ou externe. Ce constat plaide pour une stratégie “data-centric”, qui ne part pas de l’infrastructure, mais de la valeur et de la sensibilité de l’information.
Les données critiques — plans industriels, bases RH, ERP — justifient un hébergement maîtrisé et traçable. Les données publiques, analytiques ou collaboratives peuvent, elles, s’appuyer sur des solutions plus agiles. Le contrôle n’exclut pas l’agilité, à condition de segmenter intelligemment.
Reprendre le contrôle ne signifie pas verrouiller tout le système d’information. Cela suppose de clarifier qui fait quoi, qui accède à quoi, et quelles actions sont journalisées. Chiffrement, séparation des rôles, supervision : ces piliers techniques doivent s’accompagner d’un cadre organisationnel robuste.
Cette gouvernance s’applique aussi aux prestataires : une condition indispensable pour assurer un contrôle des données en entreprise cohérent, continu et vérifiable. Elle doit être documentée, auditée, évolutive. Sans cela, aucun choix technologique ne pourra garantir une souveraineté réelle.
L’approche hybride permet de combiner plusieurs modèles selon les besoins : housing pour les charges critiques, cloud souverain pour la conformité, cloud public pour l’innovation rapide. Encore faut-il que cette articulation repose sur une infrastructure lisible, pérenne et maîtrisée.
Cette distinction entre couche physique et gouvernance logique est souvent négligée. Le datacenter, en tant que tel, n’a pas accès aux contenus qu’il héberge. Comme le rappelle Régis Castagné, directeur général d’Equinix France, ce sont les mécanismes d’accès, de chiffrement et de contractualisation qui conditionnent la souveraineté, bien plus que l’enveloppe physique. Cette vision technique du datacenter vient rappeler que l’essentiel se joue en amont : dans la gouvernance, pas dans les murs.
Dans cette logique, l’hébergement en datacenter redevient une brique clé. Il offre un socle technique stable, géographiquement localisé, sur lequel peuvent se greffer d’autres services. Ce modèle s’intègre d’autant mieux dans une démarche de maîtrise progressive, où chaque périmètre est ajusté selon les exigences.
📎 Plusieurs scénarios décrits dans notre dossier sur l’hébergement datacenter illustrent comment ce type d’environnement s’intègre dans des architectures multi-cloud ou hybrides, avec des gains mesurables en performance, conformité et pilotabilité.
Il ne s’agit plus de choisir entre modernité et sécurité, mais de poser les bons jalons dans un environnement devenu instable. En 2025, l’architecture IT d’une entreprise n’est plus un simple sujet technique : c’est un acte de stratégie. De conformité. Parfois même, de survie.
Le cloud public n’est pas à rejeter. Le housing n’est pas une relique. Et le cloud souverain ne suffit pas à lui seul. Ce qui compte désormais, c’est la capacité à articuler les bons composants au bon endroit, selon le niveau de sensibilité des données et les contraintes propres à chaque secteur.
Dans cette logique, la question-clé n’est plus “où sont mes données ?”, mais “qui contrôle quoi, comment, et pourquoi ?”. Le reste en découle : choix des fournisseurs, modèles d’hébergement, rôles internes, résilience, réversibilité.
Ceux qui auront pris le temps de structurer cette gouvernance, de façon cohérente et documentée, ne seront pas simplement “en conformité”. Ils auront posé les bases d’une architecture IT résiliente, souveraine et scalable, prête pour les prochaines mutations — réglementaires, économiques ou géopolitiques.
Pour clarifier vos priorités ou évaluer vos scénarios d’hébergement, n’hésitez pas à échanger avec un expert pour un accompagnement dans vos projets d’architecture hybride et souveraine.