À La Flèche, Xavier Théry, 83 ans, vient de tourner la page d’une aventure de deux décennies. Pendant plus de 20 ans, cet ancien gynécologue a animé un club informatique destiné à transmettre les fondamentaux du numérique. Mais en mai 2025, il a annoncé sa fermeture. Le constat qu’il tire de cette expérience est sans appel : selon lui, les jeunes générations ne maîtrisent plus du tout les bases de l’informatique. Et le coupable serait tout trouvé : le smartphone.
Au fil des années, le club a perdu ses membres. Ils n’étaient plus que neuf avant la fermeture. En parallèle, personne n’a souhaité reprendre le flambeau. Pour Xavier Théry, ce désintérêt reflète un changement profond dans la manière dont les jeunes abordent la technologie. Contrairement aux générations précédentes, ils n’ont plus besoin de comprendre le fonctionnement d’un ordinateur pour naviguer dans le monde numérique. Tout passe par l’interface simplifiée du téléphone.
Le club, pourtant, ne manquait pas d’idées. Xavier y proposait des démonstrations concrètes : démontage de PC, découverte de Linux, initiation à Excel, exploration des composants… Le but était d’ouvrir les esprits, de transmettre une forme de culture numérique utile au quotidien. Mais les jeunes n’y venaient pas. Il souligne, selon Ouest-France, qu’il fallait faire l’effort d’apprendre, un effort que beaucoup ne sont plus prêts à fournir dès lors que le confort des applications suffit à leurs besoins.
Le paradoxe soulevé par ce passionné est surprenant. Aujourd’hui, plus de la moitié des jeunes rêveraient d’un monde sans Internet. Pourtant, ils l’utilisent en permanence. Xavier Théry voit dans cette contradiction un symptôme plus profond : les jeunes ont une très bonne maîtrise de l’interface utilisateur, mais une très faible compréhension des systèmes eux-mêmes.
Dans un monde où l’informatique est partout, cette ignorance pourrait avoir des conséquences concrètes, notamment sur le marché du travail. Il prend l’exemple d’un outil comme Excel, devenu incontournable dans de nombreux métiers, mais souvent mal connu. Pour lui, la maîtrise de ces outils ne devrait pas être une option, mais une compétence de base.
La généralisation du smartphone a donc eu un effet pervers : en simplifiant l’accès à la technologie, il a aussi éloigné une génération entière de sa compréhension technique. Résultat, même s’ils sont connectés en permanence, beaucoup de jeunes sont démunis dès qu’il s’agit de réparer un ordinateur, d’installer un système ou de comprendre un dysfonctionnement.
Xavier Théry ne se contente pas de regretter l’état actuel des choses. Il appelle à une prise de conscience plus large : il faut réintégrer l’apprentissage de l’informatique dans le parcours éducatif, dès le plus jeune âge. Pas seulement pour apprendre à utiliser un traitement de texte ou faire du code, mais pour comprendre ce qui se cache derrière nos écrans.
Son expérience montre que transmettre ces savoirs peut se faire à tout âge, mais que cela nécessite une curiosité active. Pour lui, l’avenir du numérique passe par cette reconquête des fondamentaux, indispensables à une société moderne qui veut garder le contrôle sur ses outils.
